Comment éviter de tomber dans le panneau en croyant pourtant bien faire ? Comment distinguer les entreprises sérieuses des arnaqueuses ? Voici quelques astuces pour repérer les techniques commerciales de greenwashing les plus fréquemment utilisées.
> Méfiez-vous des visuels trop suggestifs
Certaines entreprises n’hésitent pas à tout miser sur le visuel pour faire croire au consommateur que leur produit est éco-responsable. Or, les emballages de couleur verte, les images de forêts et les packaging épurés et cartonnés ne sont pas gages de valeurs écologiques ni d’une démarche éthique. Si dans certains cas le visuel illustre et appuie des convictions et des engagements tenus, sans preuves concrètes il s’agit de greenwashing.
> Prenez garde à l’utilisation de termes et de slogans prêtant à confusion
Il n’est pas rare de constater des entreprises mettre en avant leurs gestes pour la planète à grand renfort de mentions “produit respectueux de l’environnement”, “produit vert” ou encore de produits composés à “95% d’ingrédients naturels”. Si quelques-unes respectent leurs engagements et convictions, d’autres s’approprient ces termes sans aucune explication derrière.
En laissant volontairement les consommateurs dans le flou, l’usage de mots vagues et mal connus du grand public dans ces slogans contribuent à associer à tort la marque et le produit à une démarche éco-responsable.
Par exemple, un produit cosmétique composé à 95% d’eau et dont le reste ne compterait que des produits chimiques controversés serait en effet bien composé à 95% d’ingrédients naturels, mais n’en serait pas moins mauvais pour la santé et l’environnement !
> Analysez le vocabulaire et les termes utilisés
Il s’agit d’un grand classique du greenwashing : l’utilisation d’un vocabulaire et d’un champ lexical écologique et responsable, dont les termes sont aussi bien utilisés en français qu’en anglais. Les tendances et influences sont au “green”, au “naturel”, au “clean” et au “bio” devant n’importe quel mot, sans informations complémentaires sur ces allégations, ni preuves fondées de ce qu’il en est réellement.
Le sens de ces termes est généralement mal compris et peut induire le consommateur en erreur. Par exemple, “naturel” n’est pas synonyme de “végétal” ou de “sans danger”.
> Renseignez-vous sur les valeurs exclusives proposées
Certes, il est plus éthique d’acheter des produits “non testés sur les animaux” ou “cruelty free” en anglais. Cependant cette pratique est interdite en Europe depuis 2009 et ne constitue donc en aucun cas un signe distinctif ou une valeur exclusive !
> Soyez attentif aux promesses trop belles pour être vraies
De même, prenez garde aux promesses alléchantes du genre “entreprise à neutralité carbone ou net zéro”. Depuis quand l’est-elle ? En quoi est-elle neutre ? Dans quel périmètre géographique et opérationnel ? Cherchez les preuves du discours avancé. Une entreprise vraiment investie dans cette démarche n’aura rien à cacher et ces informations devraient non seulement être facilement trouvables, et également compréhensibles avec des propos simples mais étayés.
Ces promesses parfois trop belles pour être vraies servent aussi à détourner l’attention d’autres pratiques non éco-responsables, en faisant la lumière sur une pseudo bonne action tout en gardant dans l’ombre les mauvaises.
Pour distinguer les paroles tenues de celles qui ne le sont pas, essayez de repérer les engagements réalistes et en accord avec la démarche de l’entreprise, dont les objectifs paraissent atteignables et dont vous pourrez vraiment constater la réalisation.
> Faites attention aux labels créés de toute pièce
Pour se démarquer et renvoyer une image sérieuse et de qualité, certaines entreprises ne lésinent pas sur les moyens et sont souvent promptes à créer leur propre label à connotation éco-responsable, tel que “clean beauty”, “Go for Good” ou encore “mieux vivre”.
Or, ces labels créés de toute pièce sont auto-délivrés et ne répondent pas à un cahier des charges vérifié par un organisme externe indépendant.
Si certaines entreprises se fixent bel et bien une réglementation stricte à respecter pour être en accord avec leurs revendications, d’autres n’hésitent pas à sauter sur l’occasion pour s’octroyer une image de bon élève.
> Prêtez attention à la cohérence des pratiques et références mises en avant
Vous avez peut-être déjà été confronté au fameux “pour chaque produit acheté, un arbre planté” ou aux produits “certifiés par Monsieur X, expert mondialement reconnu”. Là encore, preuves et cohérence doivent figurer au cœur de vos investigations.
Planter des arbres, c’est bien, mais le produit vendu est-il en accord avec l’action proposée ? L’entreprise dont il provient est-elle éco-responsable ? Entreprend-elle d’autres démarches en faveur de la planète ou s’agit-il simplement d’un coup de pub ? Quelle est la légitimité de Monsieur X ? Son statut d’expert peut-il être réellement prouvé ? Posez-vous ce genre de question afin d’éviter de tomber dans les pièges du greenwashing.